« La société civile ne peut désormais plus compter que sur elle-même pour assurer son avenir.» Corinne LEPAGE, députée européenne. Déclaration faite à la suite du Sommet de Copenhague. Planète, le Monde du 23/12/2009
En tant que citoyens, en tant que professionnels de l’agriculture ou de la santé, nous sommes peu à peu dépossédés des ressources libres du vivant naturel, au profit de multinationales liées au commerce du vivant industriel, artificialisé, normalisé et breveté.
Des acteurs industriels et financiers accaparent progressivement les ressources vivantes et vitales de la nature, telles que les semences végétales, des variétés de fruits et légumes, les plantes aromatiques et médicinales, jusqu’alors librement accessibles, utilisées depuis toujours par l’homme pour son alimentation, sa santé et son intégration harmonieuse dans son environnement naturel, dans le respect de la biodiversité.
Nos aliments contiennent des organismes génétiquement modifiés par transgénèse ou mutagénèse, alors que la majorité des européens les refusent.
Les colonies d’abeilles sont décimées, perturbant gravement la pollinisation des végétaux. Il s’agit là d’une atteinte inquiétante aux équilibres écologiques et à l’indispensable collaboration biologique des espèces vivantes.
Les ressources en eau, grâce à une Initiative Citoyenne Européenne récente, ont échappé à la directive européenne Concessions publiques, qui avait pour objectif de privatiser le service de l’eau dans tous les pays européens. Sans cette mobilisation citoyenne, l’eau devenait, comme d’autres besoins vitaux, un bien privé.
Des réglementations imposées par les états facilitent cette confiscation et entrainent une régression de la vitalité du vivant. La libre disposition et l’efficacité reconnue des produits naturels constituent en effet une concurrence aux produits vivants industriels (par exemple, les semences hybrides, les OGM) ou aux produits de synthèse brevetés (par exemple, les médicaments, les produits phytosanitaires de synthèse). L’intérêt des consommateurs pour les solutions naturelles et les produits biologiques va en s’accroissant. Les multinationales s’efforcent d’éliminer cette concurrence, avec la complicité des pouvoirs publics, qui interdisent de plus en plus le recours aux produits naturels non préoccupants, ou les règlementent de manière disproportionnée, ou leur imposent des homologations onéreuses, des normes industrielles standardisées, par définition incompatibles avec les caractéristiques du vivant naturel.
Pouvoirs publics et lobbies industriels s’allient pour entraver l’utilisation légitime de produits naturels non préoccupants, en utilisant également le faux prétexte de la sécurité sanitaire ou alimentaire, ou en faisant l’amalgame avec des produits plus problématiques, qu’ils soient artificiels ou naturels.
Pourtant les ressources nécessaires à la vie (par exemple les semences végétales, les aliments, les plantes médicinales traditionnelles non préoccupantes) sont des biens communs inaliénables, parce qu’elles sont des éléments de la communauté du vivant (encore appelée biodiversité), qu’elles sont utilisées depuis toujours par l’homme, qu’elles sont d’ores et déjà largement validées par la science. Il est inutile et illégitime de revenir en permanence sur le droit à leur utilisation, sauf à vouloir en restreindre l’usage, avec des brevets, des homologations payantes ou des aurorisations de mise sur le marché (AMM) disproportionnées. Voire à les retirer purement et simplement du marché, comme la Commission Européenne vient de le faire, avec le RCE 230/2013.
[Voir la page Libérez les plantes médicinales !]
Dans le domaine de la santé, les produits naturels et traditionnels sont déjà pratiquement éliminés par des règlements disproportionnés qui les disqualifient, au profit des médicaments de synthèse. L’accaparement des ressources végétales alimentaires et la privatisation par brevet des variétés de fruits et légumes est en cours…
La génétique végétale, animale et humaine fait l’objet de demandes de brevets. Des séquences naturelles de gènes deviennent ainsi la propriété intellectuelle d’entreprises de biotechnologies, qui revendiquent des royalties parce qu’elles ont décodé des chromosomes, et qu’ainsi elles considèrent que ceux-ci leur appartiennent !
Nous souhaitons contribuer à alerter sur cette spoliation, mettre en évidence les méthodes et prétextes utilisés pour y parvenir, et cerner les problèmes biologiques, sanitaires, écologiques, éthiques et démocratiques que posent cette évolution. [Voir la page [Vivant, écologie et politique]